An Imagined Dwelling in Sardinia, L. Amont, 2017
(La version française suit ci-dessous)
Generally, while traveling, I imagine what my own daily rhythm would be like if I might be living wherever I find myself at that moment. How I could, to degrees: adapt or resist, integrate or withdraw into myself. Would I stubbornly continue my old habits… or not? If not – why? It is something I have done since childhood, but motivate myself to go on further with, now, as someone who would like to build, and as someone without many ties to my place of birth. It helps me engage with the place at hand, understanding its specific values, through a critical lens, in an optimistic sense.
For years, I had considered to travel to Sardinia, dreaming of purchasing a small plot of land there, to build a dwelling for my wife and I. A place for her to work, making pottery during the summer months and for myself to read and sketch – something born out of the simple functions we require for a particular mode of living. Likely it will not happen for some time, but last year, at the end of autumn, we (two outsiders: an American and a Japanese) drove along the northern coast as well as the inland areas, with searching eyes and intent in mind.
By chance I read recently of Karl Friedrich Schinkel’s travels to Sicily in 1804. I was curious to learn that on his voyage, he designed an imaginary villa, apparently without any clear means to build, partially based upon an existing situation, although exaggerated and transfigured with regards to his personal considerations. This is what always fascinates me – the oscillation between an individual’s attraction to a place, the deep-seated desire to honour it, and then whatever estrangement naturally occurs when that outsider intervenes. (In a sense, an architect is always an outsider, even when he designs for the family next-door.) Schinkel praised the qualities of Mediterranean buildings and their engagement with nature, suggesting they contained within them the seeds of all subsequent European architecture – yet this did not limit him from suggesting subtle transformations and ‘improvements’ in this villa project.
I believe this concern keeps us active, pushes us on to create: the respect and esteem for existing artifacts of our ancestors, combined with a frustration arising from their inherent inability to not-quite-reflect our own, sincere values. Most likely it is this unease that we can rely on to always remain contemporary, in a traditional sense. To this end then, the myths of the Mediterranean seem to be one base (of many) we still have much to gain from; a strong potential for friction.
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Une maison imaginaire en Sardaigne, L. Amont, 2017 (traduction par Jean Besson)
Lorsque je voyage en général, j'ai tendance à imaginer à quoi ressemblerait mon mode de vie à l'endroit où je me trouve. Comment je pourrais, dans une certaine mesure : m'adapter ou résister, m'intégrer ou me renfermer sur moi-même. Est-ce que je m'en tiendrais obstinément à mes vieilles habitudes... ou non? et sinon - pourquoi? C'est quelque chose que j'ai fait depuis l'enfance, mais qui maintenant m'oblige à considérer davantage, en tant que personne qui souhaite construire, et en tant que personne sans grande attache avec mon lieu de naissance. Cela m'aide à m'impliquer dans l'endroit présent, à en comprendre les spécificités, en portant un regard critique, dans le sens positif du terme.
Longtemps, j'ai envisagé de voyager en Sardaigne et rêvé d'y acquérir un morceau de terre pour y construire une maison pour ma femme et moi. Un endroit pour elle pour travailler, faire de la poterie pendants les mois d'été et un endroit pour moi pour réfléchir, lire et dessiner - quelque chose qui découle de fonctions simples dont nous avons besoin pour un rythme de vie en particulier. Cela n'arrivera sûrement pas pendant un certain temps, mais l'année dernière, à la fin de l'automne, nous (deux étrangers : un Américain et une Japonaise) avons longé la côte nord et l'arrière-pays, scrutant ces endroits non sans intentions.
Par chance j'ai lu récemment à propos du voyage en Sicile de Karl Friedrich Schinkel en 1804. J'étais curieux d'apprendre qu'au cours de ce voyage, il conçut une villa imaginaire, apparemment sans intentions réelle de construire et basée sur une situation existante, bien qu'en partie exagérée et transfigurée selon ses considérations personnelles. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné - ce décalage entre l'attraction d'un individu pour un lieu, son profond désir de l'honorer, et puis cette coupure qui se produit naturellement dès lors que cet étranger intervient. (D'une certaine façon, un architecte est toujours un étranger, même lorsqu'il agit pour ses voisins). Schinkel fit l'éloge des constructions Méditerranéennes et de leur rapport avec la nature, suggérant qu'elles contenaient en elles les germes de toute l'architecture qui s'ensuivit en Europe - mais cela ne l'empêcha pas d'ailleurs de suggérer quelques transformations et "améliorations" avec son projet de villa.
Je crois que c'est cette tension qui nous maintient actifs et qui nous pousse à créer : le respect et l'estime pour l'œuvre de nos ancêtres, mêlé à la frustration qui naît de son incapacité inhérente à ce que nos valeurs, propres et sincères, s'y reflètent. Plus sûrement, c'est sur ce mal-être que nous pouvons nous appuyer afin de rester contemporain, traditionnellement s'entend. Pour ces raisons, les mythes de la Méditerranée semblent être un socle (parmi bien d'autres) sur lequel nous pouvons encore largement puiser, un fort potentiel de friction.
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275 pages
29,7 x 21 cm
Textes en français
Illustrations couleurs et N&B
ISBN: 978-2-9557010-3-4; EAN: 9782955701034
Collection Classeur, sous la direction de Baptiste Manet, Simon Campedel, Claudia Mion et Giacomo Ortalli; Graphisme original créé par l’agence Spassky Fischer; Imprimé dans l'U.E.